Ces cols des Alpes qui furent frontaliers … et ceux qui le sont devenus
Quelques illustrations et photos
Le principal critère pour caractériser un col est qu’il soit situé sur une ligne de partage des eaux (c’est un des critères de validation pour le club des 100 cols).
En franchissant un col on change de vallée, voire de bassin versant, mais si le col est une limite administrative, c’est un plus.
Et, si c’est une frontière, on a un col frontalier qui figurera dans les deux catalogues (avec code correspondant) de chacun des deux pays. Le col frontalier … c’est un plus … mais ce n’est pas un statut éternel …
On s’intéressera dans cet article aux cols qui furent frontaliers et ne le sont plus … et à ceux qui le sont devenus.
On citera dans cet article les cols actuellement revêtus et (si ceux-ci présentent un intérêt particulier) quelques cols « cyclables ». On mentionnera également quelques cols situés très près des frontières.
1 – France / Royaume de Sardaigne, Italie
L’actuelle frontière franco-italienne est celle qui a été fixée en 1947 par le traité de Paris. Elle a subi de nombreuses modifications au cours du temps ; dans cet article on ne remontera pas en deçà de la révolution française et plus précisément à 1792.
Modifications de la frontière de 1792 à 1947 : un peu d’histoire
1792 : Le roi Victor-Amédée III de Sardaigne, très lié à la monarchie française, ouvre ses États aux émigrés français et refuse de recevoir l’ambassadeur de la République française. En septembre 1792, le Duché de Savoie, ainsi que le Comté de Nice, sont envahis et annexés à la France révolutionnaire. La frontière suit alors la LPE.
1815 : Après la défaite de Napoléon à Waterloo, et le traité de Paris, signé le 20 novembre 1815, le Duché de Savoie et le Comté de Nice sont rendus aux princes de Savoie (retour aux frontières de 1790). La frontière et la LPE ne coïncident alors qu’au niveau des départements des Hautes et «Basses» Alpes.
1860 : Par le traité de Turin du 24 mars 1860, suivi de plébiscites, la Savoie et le Comté de Nice sont rattachés à la France. La LPE et la frontière vont à nouveau coïncider (avec trois exceptions – Petit-Saint Bernard, secteur Lombarde-Isola et Tende- La Brigue – qui seront détaillées plus loin).
1947 : Avec le traité de Paris, la frontière est ramenée à la LPE au Petit St Bernard et du Mt Clapier au Mont Saccarello (un peu au-delà avec l’annexion des forts du col de Tende). Tende et la Brigue sont rattachées à la France (référendum du 12 octobre 1947).
En quelques points, la frontière est repoussée nettement au-delà de la LPE avec l’annexion par la France du plateau du Mont Cenis, de la Vallée Étroite, du Chaberton (dont les canons menaçaient Briançon, avant d’être détruits par l’artillerie française au cours de la bataille des Alpes le 21 juin 1940) et en aval de Montgenèvre en direction du village italien de Clavières.
De 1792 à 1815, les cols situés entre le Duché de Savoie, le Comté de Nice et la France cessent d’être frontaliers.
Ils le redeviennent de 1815 à 1860, quand avec le traité de Turin, ils cessent définitivement de l’être.
De 1815 à 1860, les cols de Savoie situés sur la LPE Rhône / Pô et ceux des Alpes Maritimes situés sur les LPE Var / Pô et Roya / Pô ont cessé d’être frontaliers avant de le redevenir en 1860 (à 3 exceptions près).
1.1 – Traité de Turin 1860.
1.1.1 – Savoie
Avant le traité de Turin : Frontière Royaume de Sardaigne (Savoie) / France jusqu’en 1860
Avant le traité de Turin la frontière entre la France et le Royaume de Sardaigne correspondait à l’actuelle limite entre les départements de Savoie, Haute Savoie côté Sardaigne et des Hautes-Alpes, Isère et Ain côté France. Seules les limites Savoie / Hte Alpes, Isère passent par des cols … et pas des moindres.
A l’est, cette limite (frontière jusqu’en 1860) commence alors au Mont-Thabor (tripoint hydrographique avec les bassins de la Dora Riparia (affluent du Pô), de l’Isère et de la Durance). Elle passe ensuite par les cols situés sur la LPE Isère (au nord) – Durance (au sud). Elle s’abaisse une première fois au Seuil des Rochilles (FR-05-2459), (col cyclomuletier bien connu des CTG) puis passe par la Pointe des Cerces (3907 m) et le Grand Galibier (3228 m) avant de redescendre au Col du Galibier (FR-05-2642a) qui met en relation la Maurienne (Alpes du Nord) avec la vallée de la Guisane et Briançon (Alpes du sud).
A voir vidéo : Les bornes frontières de 1823 du Col du Galibier entre le Duché de Savoie et le Royaume de France.
Après le col du Galibier, la frontière s’oriente vers le nord en suivant une LPE entre affluents ou sous-affluents de l’Isère.
Elle laisse en Savoie le Collet du Plan Nicolas (FR-73-2406) avant de s’orienter vers les Aiguilles d’Arves, passe au nord du Plateau d’Emparis (puis au Col des Prés Nouveaux), puis à l’est du col du Sabot (FR-38-2100b) (qui est donc en Isère donc en France) avant de traverser la Vallée de l’eau d’Olle (aujourd’hui en traversant le lac de Grand Maison) en laissant les Col de la Croix de Fer (FR-73-2064a) et du Col du Glandon (FR-73-1924) entièrement en Savoie.
Elle se poursuit ensuite sur la LPE entre la vallée du Haut-Breda et la vallée des Villards (ou coule le Glandon) avant de s’abaisser pour franchir le Breda au nord d’Allevard puis l’Isère au nord de Pontcharra.
La limite passe ensuite par les crêtes de Chartreuse et notamment le Mont Granier (laissant donc le Col du Granier (FR-73-1134) en Savoie pour ces deux versants) avant de s’abaisser au cirque de Saint-Même puis Saint Pierre d’Entremont à partir d’où la frontière va suivre le cours du Guiers Vif, puis du Guiers … jusqu’à son confluent avec le Rhône.
Après : Frontière après le traité de Turin (1860)
Du Mont Dolent au Mont Thabor la frontière va coïncider avec la LPE Rhône / Pô (pour plus de détails sur le tracé se reporter à l’article : Du Mont-Dolent au Mont-Saccarel La frontière franco-italienne, la ligne de partage des eaux, les Cols).
Parmi les sommets par lesquels passent la LPE et la frontière on peut citer le Mont-Blanc (4810 m), l’Aiguille des Glaciers (3816), la pointe de Novalèse (3350 m), la pointe de Ronce (3612 m), le Signal du Petit Mont Cenis (3162 m), la pointe Droset (2917 m), la Dent d’Ambin (3372 m), la pointe Sommeiller (3332 m) et le Mont Thabor (3178 m). Les cols routiers situés sur cette LPE et nouvelle frontière sont cités ci-dessous.
Cols qui cessent d’être frontaliers en 1860 (Traité de Turin)
Bien que plusieurs des cols cités ci-dessus aient été situés à proximité de la frontière, seuls les cols suivants ont cessé d’être frontaliers en 1860 au traité de Turin :
Seuil des Rochilles (FR-05-2459), (cyclomuletier)
Col du Galibier (FR-05-2642a)
Cols qui deviennent frontaliers lors du traité de Turin 1860.
La frontière entre la France et le Royaume de Sardaigne est repoussée au niveau de la limite Savoie / Province d’Aoste et de Turin, c’est-à-dire la LPE Rhône /Pô
Le Col du Petit Saint Bernard (FR-73-2188 et IT-AO-2188) aurait pu devenir frontalier, mais faudra qu’il attende encore 87 ans. Lors de l’annexion de la Savoie en 1860, Napoléon III, s’entend avec l’Italie nouvellement née pour repousser la frontière, au col du Petit Saint Bernard, jusqu’au-delà de l’hospice. Le col reste donc italien.
Parmi les cols situés sur la LPE et devenus frontaliers, on peut citer :
Col du Mont Cenis (FR-73-2081), et Col du Petit Mont Cenis (FR-73-2183b) (qui ne le seront que jusqu’en 1947).
Les cols Sommeiller, codes et cotation actuelles :
Col Sommeiller Ouest (FR-73-2993 et IT-TO-2993) (R1-2(S) (HS2-3 sur 250m par la droite du lac)) et
Col Sommeiller Est (FR-73-3000b et IT-TO-3000) (R1-2(S) (HS2-3 sur 150m par la droite du lac))
Col Fréjus (FR-73-2540 et IT-TO-2540a) (cotation actuelle R1-2 côté français, S côté Italien)
Col de la Vallée Etroite code et cotation actuelle ((FR-05-2445c) S1-2(N), GR5, GR57, GRP du Mont Thabor) (si le catalogue du CCC avait été édité en 1860 son code serait FR-73-2445, car il doit son immatriculation à l’annexion de la vallée étroite en1947).
1.1.2 – Comté de Nice
Avant le traité de Turin : Frontière Royaume de Sardaigne (Comté de Nice) / France jusqu’en 1860
Source : Par Notscott — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4375559
Du nord au sud : avant 1860 la frontière entre la France (au nord, puis à l’ouest) et le Comté de Nice suit la limite actuelle entre les Alpes de Hautes Provence et les Alpes Maritimes (références avec description détaillée : https://www.nicerendezvous.com/comment-le-comte-de-nice-est-devenu-departement-francais.html).
A partir du Rocher des Trois Évêques (2868 m) elle rejoint le col de Raspaillon et le col et la Cime de la Bonnette, le col de la Moutière, le col de La Cayolle, le col des Champs, la Dent du Lièvre (2667 m), le sommet de la Frema (2747 m), la Pointe de Sangaris (2426 m) avant de descendre pour traverser le Var en aval de Daluis et remonter au Col Saint-Léger et redescendre vers le Var en aval d’Entrevaux ; la limite suit brièvement le Var puis remonte sur la rive sud de celui-ci par le vallon de Valcros puis redescendre ensuite par le vallon du Besseuges, puis du Rioulan et de l’Estéron ; puis le Var jusqu’à son embouchure dans la Méditerranée.
On trouvera sur ce site : une Liste des bornes frontières situées entre le Col de la Moutière à la vallée de l’Esteron.
Après : la frontière après le traité de Turin (1860)
A partir du Rocher des Trois Évêques (2868 m) – (actuel tripoint 04 / 06 / Italie et tripoint hydrographique Pô / Rhône / Var) – jusqu’au Mont Saccarel (tripoint hydrographique (Pô / Roya / Argentina), la frontière s’établie le long de la LPE Var / Pô, puis après le Mont Clapier, Roya / Pô, jusqu’au Mont Saccarel.
Toutefois, les Piémontais conservent des territoires sur le versant français :
La zone située sur le versant français entre Colla-Lunga et le Mont Clapier, en particulier une partie de la commune d’Isola, et donc le versant sud du Col de la Lombarde (dont les deux versants restent en Italie). Le hameau de Mollières (commune de Valdeblore) reste italien malgré le plébiscite, comme d’autres territoires de chasse du Roi Victor Emmanuel II.
Dans la vallée de la Roya : les communes de Tende et de la Brigue : la convention de délimitation du 7 mars 1861 a laissé ces communes en Italie (malgré le vote de la population lors du plébiscite), le roi Victor-Emmanuel II ayant l’habitude de venir chasser dans cette région !
Cols qui cessent d’être frontaliers en 1860 (Traité de Turin)
Col de Raspaillon ou Col des Granges Communes (FR-04-2513)
Col de la Bonnette (FR-04-2715)
Col de la Moutière (FR-04-2444)
Col de la Cayolle (FR-04-2327)
Col des Champs (FR-04-2093)
Col Saint-Léger (FR-04-1070)
Cols qui deviennent frontaliers lors du traité de Turin 1860.
Les Cols (non routiers) situés sur les LPE citées ci-dessus deviennent frontaliers (pour plus de détails se reporter à l’article : Du Mont-Dolent au Mont-Saccarel La frontière franco-italienne, la ligne de partage des eaux, les Cols).
Parmi eux, il n’y a aucun col considéré aujourd’hui comme routier. Le Col de la Lombarde (FR-06-2350a et IT-CN-2351), le Col de Tende Ouest (FR-06-1871 et IT-CN-1871 ) (R1) et le Col de Tende Est (FR-06-1890 et IT-CN-1890) (R1) ne deviennent pas frontaliers puisque – comme expliqué ci-dessus – dans ces zones les Piémontais conservent les territoires de chasse du Roi Victor Emmanuel II.
Plus au sud, à la latitude de Sospel, la frontière est fixée (par la “Convention de délimitation entre la France et la Sardaigne conclue à Turin le 7 mars 1861″ en suivant « … la crête qui descend du col de Brouis * (FR-06-0879) par Testa di Paola et Mont-Grazian, traverse la Bevera, passe par Testa di Cuore … », ce qui signifie qu’elle passe par le col des Termes (FR-06-0854 – R1, GR52a), le Colle de Paula (FR-06-0739 – R1, GR52a) et Colla Bassa (FR-06-0775 – R1) (au nord du Mont-Grazian), et le
Col de Vescavo (FR-06-0478 – D93)
* bien que cité dans la convention le col de Brouis devient français sur ces deux versants
Ces cols (Termes, Paula, Bassa et Vescavo) ne seront frontaliers que jusqu’au traité de Paris (1947)
Le Pas de Becche ou Colletto dell Olivetta (FR-06-0370 et IT-IM-0370) reste piémontais (puis italien) sur les deux versants.
1.2 – Traite de Paris 1947
Le traité de Paris (1947) ramène la frontière sur les LPE, voire au-delà.
1.2.1– Savoie et Haute-Savoie
Cols qui cessent d’être frontaliers
Avec l’annexion du plateau du Mont-Cenis les
Col du Mont Cenis (FR-73-2081) et Col du Petit Mont Cenis (FR-73-2183b) cessent d’être frontaliers, donc deviennent français sur les deux versants (du moins sur les premiers kilomètres du versant est …).
Col qui devient frontalier
La frontière est repoussée au niveau de la LPE au Col du Petit Saint Bernard (FR-73-2188 et IT-AO-2188) qui devient donc frontalier.
1.2.2 – Hautes-Alpes
Cols qui cessent d’être frontaliers
Avec l’annexion de la Vallée Étroite, du Chaberton, la frontière est repoussée à l’entrée de Bardonecchia et du village de Clavières. Deux cols routiers deviennent français sur les 2 versants :
Col de l’Echelle (FR-05-1762)
Col de Montgenèvre (FR-05-1850)
1.2.3 – Alpes Maritimes
Col qui cesse d’être frontalier
Comme indiqué ci-dessus le
Col de Vescavo (FR-06-0478) devient français sur ces deux versants.
Cols qui deviennent frontaliers
La frontière est ramenée au niveau des LPE, les cols suivant deviennent frontaliers
Col de la Lombarde (FR-06-2350a et IT-CN-2351)
La station de sports d’hiver d’Isola 2000 a été construite sur des terres cédées par l’Italie à la France à cette occasion.
Col de Tende Ouest (FR-06-1871 et IT-CN-1871 ) (R1)
Col de Tende Est (FR-06-1890 et IT-CN-1890) (R1)
L’Italie doit céder des territoires à la France, notamment les zones peuplées de Tende et La Brigue pour 560 km2 et entre deux et trois milliers d’habitants, plus les hameaux de Libre, Piène-Haute et Basse, au sud de la vallée de La Roya.
Au sud de Pienne-Haute la frontière est repoussée au
Pas de Becche ou Colletto dell Olivetta (FR-06-0370 et IT-IM-0370)
1.3 – Frontière inchangée depuis 1815
Deux cols actuellement frontaliers n’ont pas été cités (donc non affectés par les traités de Turin (1860) et de Paris (1947).
Col Agnel – Colle dell’Agnello (FR-05-2744 et IT-CN-2748)
Le col Agnel a joué un rôle déterminant dans l’Histoire de France. Les troupes de François Ier ont, en effet, traversé les Alpes par le col Agnel pour reprendre le duché de Milan en 1515, permettant ainsi la victoire de Marignan. Des cavaliers éclaireurs conduits par le chevalier Bayard empruntèrent les sentiers du col Agnel pour déstabiliser les troupes suisses ennemies en les surprenant.
Le Col Agnel était situé dans la République des Escartons (Escarton du Queyras), il devient frontalier lors du traité d’Utrecht en 1713, limite entre les départements des Hautes-Alpes et du Pô après la conquête du Piémont par la France en 1798 et redevient frontalier à la restauration (1815).
Col de Larche – Colle della Maddalena (FR-04-1991 et IT-CN-1996)
Il fut également utilisé par les troupes de François 1er pour acheminer des troupes pour la bataille de Marignan.
Dans la documentation consultée, il n’a pas été trouvé de mention de changement du statut de « frontalier » du Col de Larche depuis que Barcelonnette et la vallée de l’Ubaye ont été cédés par les « États de la Maison de Savoie » (futur Royaume de Sardaigne) à la France par le Traité d’ Utrecht en 1713.
2 – France / Suisse
L’actuelle frontière entre la France et la Suisse, dans le massif des Alpes, va du Mont-Dolent à St-Gingolph, au bord du Lac Léman. Elle semble inchangée … depuis longtemps. Avec le traité de Turin (1860) elle est passée de frontière entre le Royaume de Sardaigne et la Suisse à Frontière entre la France et la Suisse.
Un seul col revêtu est situé sur cette frontière :
Pas de Morgins ou Col d’Abondance (FR-74-1370 et CH-VS-1369a)
3 – Suisse / Italie
Un peu d’histoire
1815 : Congrès de Vienne avec création du royaume lombard-venitien, partie de l'empire austro-hongrois.
1859 : annexion de la Lombardie (sauf Mantova) par le royaume de Piémont-Sardaigne suite à la deuxième guerre d'indépendance italienne.
17 mars 1861 : proclamation du royaume d’Italie et formation de la frontière avec la Suisse, sur la base des frontières internationales préexistantes.
1866 : annexion du royaume lombard-vénitien par le royaume d’Italie après la Troisième guerre d’Indépendance italienne. Prolongement de la frontière italo-suisse vers l’est.
10 septembre 1919 : signature du traité de Saint-Germain-en-Laye. L’Italie annexe le Tyrol du Sud La frontière italo-suisse prend son tracé actuel.
Cols frontaliers du Royaume de Sardaigne puis du Royaume d’Italie
A l‘ouest, la frontière italo-suisse commence au tripoint du Mont-Dolent et suit la LPE, le premier col situé sur cette frontière présente une situation particulière : frontalier ou non ?
Col du Grand St. Bernard - Colle del Gran San Bernardo(CH-VS-2469a et IT-AO-2473)
Les suisses et les italiens mettent le col à deux endroits différents – les suisses à l’est du lac, au niveau de l’hospice donc entièrement en territoire suisse et les italiens à l’ouest du lac – sur la frontière (qui passe au milieu du lac…)
La LPE et la frontière passent ensuite par le Mont Cervin, la LPE se poursuit vers le
Passo del Sempione – Col du Simplon (CH-VS-2005)
Bien que situé sur la LPE Rhône / Pô ce col n’a jamais été frontalier, la frontière est à Gondo à 19 km du col versant Pô.
Cols frontaliers du Royaume lombard-vénitien puis du Royaume d’Italie (1866)
La frontière s’abaisse ensuite au niveau des lacs avant de se repositionner sur la LPE Rhin-Pô puis la LPE Rhin / Danube.
Cols frontaliers de l’Empire austro-hongrois (royaume lombard-vénitien) puis royaume de Piémont-Sardaigne et Royaume d’Italie
Splügenpass – Passo dello Spluga – Pass dal Spleia (CH-GR-2115b et IT-SO-2115)
Passo del Bernina – Berninapass – Pass dal Bernina (CH-GR-2307)
Bien que situé sur la LPE Pô / Danube ce col n’est pas frontalier, la frontière est entre Brusio et Tirano à 31 km du col versant Pô.
Forcola di Livigno (CH-GR-2315c et IT-SO-2315)
Pass Umbrail – Giogo di Santa Maria – Wormserjoch (CH-GR-2501 et IT-SO-2501)
4 – Autriche / Italie
Un peu d’histoire
en rouge la frontière entre l’Italie et l’Empire Austro-Hongrois
en bleu frontières (1919) Italie / Autriche, Italie / Yougoslavie et Autriche / Yougoslavie
La Première Guerre mondiale et l’engagement de l’Italie au côté de l’Entente décida du sort de la région. Les revendications territoriales de l’Italie conduisirent à des promesses faites au gouvernement de Rome en échange de sa contribution dans le conflit. En 1919, avec le traité de Saint-Germain, le Trentin (WelschTirol) et le Tyrol méridional (SüdTirol), appelé Haut-Adige furent cédés par l’Autriche à l’Italie. (Provinces de Trento et Bolzano).
Cols qui cessent d’être frontaliers en 1919
L’ancien territoire vénitien du Trentin-Haut-Adige (Trentino-Alto-Adige ou Trentino-Südtirol), composé du Tyrol méridional et des Dolomites, a été rattaché à l’Autriche en 1814 après que Napoléon Bonaparte l’ait transformé en département français du Haut-Adige.
Les cols aujourd’hui limitrophes entre le Trentin-Haut-Adige (provinces de Bolzano et Trento) d’une part et la Lombardie et la Vénétie (provinces de Sondrio, Verona, Vicenza et Belluno), étaient situés sur la frontière entre le Royaume Lombard-Vénitien (jusqu’en 1859 pour la Lombardie ou 1866 pour la Vénétie) puis le Royaume d’Italie et l’Empire austro-hongrois, ils cessent d’être frontaliers et deviennent italiens sur les 2 versants en 1919 avec le traité de Saint-Germain).
A partir de l’actuel tripoint frontalier Suisse / Autriche / Italie, sur la ligne de partage des eaux Mer Noire / Adriatique, à l’ouest, la frontière entre la Lombardie (province de Sondrio et Brescia) et l’Empire A-H était orienté vers le sud et passait par les cols suivants :
Passo dello Stelvio -Stilfser Joch (IT-BZ-2758)
Passo del Tonale (IT-BS-1883)
Passo della Crocetta ou Passo di Tremalzo (IT-BS-1577)
Au sud puis à l’est, après le Lac de Garde, entre la Vénétie (province de Verona et Vicenza) et l’Empire Austro-hongrois :
Bocca di Navene (IT-TN-1423)
Passo Fittanze (IT-VR-1380) selon les cartes, ce col est situé sur la limite entre le Trentin-Haut-Adige et la Vénétie ou à 200 m coté province de Vérone, dans ce dernier cas (et il a été traité comme tel dans le catalogue des cols d’Italie du Club des 100 cols) il ne serait pas limitrophe et n’aurait jamais été frontalier.
Passo di Campogrosso (IT-TN-1450)
Passo Pian delle Fugazze (IT-TN-1163)
Ce col est situé un peu à l’ouest de la limite des provinces de Vicenza / Trento (coté Trento), toutefois, on peut y observer un panneau indiquant la frontière de l’empire austro-hongrois.
Passo della Borcola (IT-TN-1207)
A l’est entre la Vénétie (province de Belluno) et l’Empire Austro-hongrois (du sud au nord) :
Passo di Valles (IT-BL-2030a)
Passo di Fedaia (IT-BL-2054b)
Passo Pordoi (IT-BL-2239)
Passo di Cima Banche (IT-BL-1530a)
Forcella Lavaredo ( IT-BL-2450a) (R1 R1-2/Str) situé au pied, à l’est, des Tre Cime di Lavaredo
Passo Monte Croce Comelico – Kreuzbergpass (IT-BL-1637) (où la limite Trentin-Haut-Adige / Vénétie rejoint la LPE Adriatique / Mer Noire)
Au-delà la limite actuelle entre le Trentin-Haut-Adige et la Vénétie rejoint l’actuelle frontière Italie / Autriche (correspondant à la LPE).
Cols qui deviennent frontaliers en 1919
En 1919, le traité de Saint-Germain, fixe la frontière, à partir du tripoint frontalier Suisse / Autriche / Italie, sur la ligne de partage des eaux Mer Noire / Adriatique.
Passo di Resia – Reschenpass (IT-BZ-1507)
C’est le premier « écart », ce col situé sur la LPE Mer Noire / Adriatique, la frontière passe légèrement en contrebas, au nord, le col devient italien sur les deux versants.
Passo del Rombo – Timmelsjoch (IT-BZ-2491 et AT-7-2474)
Passo del Brennero – Brennerpass (IT-BZ-1375 et AT-7-1370)
Passo di Vizze – Pfitscher Joch (IT-BZ-2251 et AT-7-2246) (R1 versant italien)
Passo di Gola – Klammljoch (IT-BZ-2288 et AT-7-2288) (R1)
Passo di Stalle – Staller Sattel (IT-BZ-2052 et AT-7-2052)
Cols frontaliers depuis 1866 (rattachement du Royaume Lombard-Vénitien au Royaume d’Italie).
Tout à l’est d’Italie (Frioul) deux cols sont situés sur la LPE Mer Noire / Adriatique et la frontière :
Passo di Monte Croce Carnico – Plöckenpass ( IT-UD-1360 et AT-2-1357b)
Passo di Pramollo – Nassfeldpass (IT-UD-1531 et AT-2-1530)
5 – Yougoslavie (Slovénie) / Italie
Cols qui cessent d’être frontaliers de 1919 à 1947
A gauche : la frontière actuelle Italie/ Slovénie.
A droite : carte montrant la zone d’avancée des Italiens en territoire autrichien sur l’Isonzo en 1915
Source : https://www.alamyimages.fr/
Bien qu’il soit difficile de trouver des cartes précises de la frontière entre le Royaume d’Italie et l’Empire Austro-hongrois, dans la région des cols suivants, elle semble coïncider avec la frontière actuelle Italie / Slovénie.
Les cols cités ci-dessous se trouvent sur cette frontière – du sud au nord.
Avec le traité de Saint Germain en Laye (1919) , la frontière est repoussée vers l’est et les cols cessent d’être frontaliers.
Ils redeviendront frontaliers en 1947 avec le traité de Paris.
Cette zone fut pendant la première guerre le lieu d’intenses affrontements (de mai 1915 à octobre 1917) entre les armées italiennes et austro-hongroises aidées par des allemands (front d’Isonzo) jusqu’à la défaite italienne lors de la bataille de Caporetto.
Elle est parcourue aujourd’hui par le chemin de la paix entre les Alpes et l’Adriatique.
Sedlo Solarji – Passo di Solarie (SI-0955 et IT-UD-0948)
Au Passo Solarie se trouve le monument à Riccardo Giusto, le premier soldat italien mort pendant la Première Guerre mondiale.
Passo Naverco (SI-1105 et IT-UD-1105)
Passo di Bivacco Zanuso (SI-1115 et IT-UD-1115)
Ces cols sont sur la crête où se trouve le musée du Kolovrat, musée transfrontalier en plein air (gratuit) qui préserve la mémoire de la troisième ligne de défense de l’armée italienne pendant le front d’Isonzo. Il se trouve sur le sentier de la paix.
Les 2 cols suivant sont situés, plus au nord, sur la ligne de partage des eaux Mer Noire / Adriatique.
Predel ou Passo del Predil – Predel (SI-1156 et IT-UD-1156)
Forcella della Lavina – Klanska Škrbina – Lahnscharte (SI-2055 et IT-UD-2068) accès possible uniquement coté Slovène
Col frontalier de 1919 à 1947
Preval Vršič – Passo di Moistrocca – Werschetzpass (SI-1611)
De la Première Guerre mondiale à la Seconde Guerre mondiale, le col du Vršič était à la frontière entre le royaume d’Italie et le royaume de Yougoslavie. Après 1945, le col fait entièrement partie de la Yougoslavie, puis de la Slovénie en 1991.
6 – Autriche / Yougoslavie (Slovénie)
La Slovénie a fait partie de l’Empire Austro-hongrois du XIVe siècle à 1918. La prise du pouvoir par des nationalistes croates, slovènes et serbes le 6 octobre 1918 lors de la chute de l’Empire conduit à la déclaration formelle d’indépendance de l’État des Slovènes, Croates et Serbes le 29 octobre suivant. Le pays rejoint le Royaume de Serbie (dans lequel le Royaume du Monténégro était déjà entré trois jours avant) afin de former le 1er décembre 1918 le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui prendra le nom de Royaume de Yougoslavie en 1929
Cols qui deviennent frontaliers en 1918
Les cols (aujourd’hui revêtus) suivants se trouvent sur la nouvelle frontière
Wurzenpass – Korensko sedlo – Wurzen (SI-1073 et AT-2-1073)
Loiblpass – Ljubelj –Loibl (SI-1369 et AT-2-1368)
Un tunnel (altitude 1068 m) traverse sous le col géographique. Au cours de la seconde guerre mondiale : l’Allemagne nazie avait implanté au Loibl Pass de part et d’autre du col (et de la frontière) un camp de concentration (annexe de Mauthausen) : les déportés (en majorité français) y travaillaient au percement du tunnel dans le but d’ouvrir une route vers le sud des Balkans (axe important pour l’Allemagne Nazie).
Seebergsattel – Prelaz Jezersko – Jezerski vrh (SI-1215 et AT-2-1215)
Pavličevo sedlo – Paulitschsattel (SI-1339 et AT-2-1339)
Plus à l’est
Radlpass (SI-0674 et AT-6-0664)
7 – Autriche / Allemagne
Avec l’Anschluss (1938), l’Autriche étant annexée à l’Allemagne, la frontière disparait jusqu’en 1945.
Cols qui cessent d’être frontaliers de 1938 à 1945
Col aujourd’hui frontalier :
Hirschbichl (AT-5-1183 et DE-BY-1183)
Ce col est situé au sud-ouest de Salzburg
On peut également citer deux cols presque frontaliers plus à l’ouest, au nord du Tyrol
Achenpass (DE-BY-0941) (à 1,5 km au nord de la frontière)
Ursprung-Pass (DE-BY-0849a) (à 0,5 km au nord)
Gérard Galland
1 Commentaire
FRANCIS LARRIBE sur 03/02/2023 à 20:03 #
Quel boulot ! Passionnant ! Bravo !
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