15-18 septembre 2016 – Sacoches dans les monts d’Ardèche
Texte de Zoé Jouveau – Diaporama de Gérard Galland
Jeudi 15 septembre c’est parti pour les monts d’Ardèche. Le groupe de vingt courageux CTG s’ébranle du Pont de La Beaume. Sur la route de Jaujac, Daniel nous propose un arrêt à Fabras.
C’est un superbe panorama sur le Lignon entre prismes et coulées basaltiques que nous offre ce belvédère. Arrêt prolongé pour Hervé qui a crevé. Eh, M. Hervé, faudrait voir à ne pas mettre des fonds de jante gruyère !
Jaujac, un pont et une route avec un panneau voie sans issue, bizarre ! la pluie nous rattrape. De vieilles fermes massives apparaissent sur cette route qui devient chemin herbeux puis sentier ! Eh oui, vous vous souvenez de la voie sans issue. On y est !
C’est une Catinade que dis-je une Etiennade ! L’élève a dépassé le maître. Le sentier de fougères, rempli de rochers, plonge sur une mare.
On passe à gué avant de remonter sur un sentier tout aussi escarpé. Jean-Pierre aide les rescapés comme un premier de cordée sur une falaise.
Enfin, on rejoint la route comme le paradis après cet abîme.
À La Souche, on se reprend de nos émotions matinales et faisons la pause de midi. Un petit café au Camelja avant de monter sous les châtaigniers. Après une deuxième Catinade pour certains (quand on aime, on ne compte pas), on revient sur la sage route et montons la Croix de Bauzon. On monte en longeant es châtaigniers, les landes roussies durant l’été puis les prairies au sommet du col où la brume et le froid nous accueillent comme de pauvres égarés.
Petite descente et on arrive au Bez. C’est la peste qui faisait la frontière ici. Les muletiers transportaient le vin et s’arrêtaient là pour cause de peste. Ils transvasaient, alors, le vin dans des fûts que des porteurs sur l’autre versant reprenaient pour ne pas transmettre la maladie.
Nous, on n’a pas peur de la peste et on franchit le Pendu sous la protection des éoliennes. Descente à fond sur Lanarce. Mais on oublie le centre, il faut prendre à droite et une route pour le moins vallonnée. Cuit, j’arrive au gîte du Bouteirou où un bon feu de cheminée nous accueille pour nous réchauffer du Bouteirou, le vent des Bouttières en patois. Martine nous y régale de sa cuisine nature avec les légumes du jardin.
Vendredi 16 septembre, il fait frisquet pour rejoindre Mazan et son abbaye. Un vent glacial nous transperce sur le plateau et la brume s’invite dans les sapins. Un coup d’œil sur le Gerber des Joncs et sa pyramide avant de plonger sur Mazan et son église aux trois clochers.
Élodie, la guide passionnée d’histoire médiévale, nous fait visiter les ruines de l’abbaye cistercienne jouxtant l’église.
Les guerres de religion et le pillage systématique de ses pierres au XIXème siècle ont ruiné l’abbaye. C’est l’ordre de Citeaux qui l’a créée. À l’époque médiévale, la route très fréquentée entre Le Puy et Aigues-Mortes passait par Mazan. Il y avait des moines de chœur et des moines de convers. Ces derniers s’occupaient des travaux quotidiens de réparation et des tâches matérielles.
Les moines vivaient en autarcie complète c’est-à-dire vivaient de leurs cultures, s’habillaient, se lavaient, s’éclairaient avec leurs propres fabrications.
On longe le mur du réfectoire dont on a évalué la contenance à 33 moines environ. Une salle dite du lavabo permettait aux moines de se laver. Tout à côté, le cloître et ses arcades décorées de motifs de feuilles d’acanthe, de fleurs de lys et de petits bonhommes permettait aux moines de s’adonner à la lecture divinale. L’aile des convers abritait ceux-ci pour leurs travaux manuels avec le cellier tout à coté.
L’église dont le chœur fait 50 m de long possédait une très bonne acoustique grâce aux pierres de lave comportant de minuscules trous. On peut le vérifier en écoutant l’écho produit quand on élève la voix au fond du chœur. On visite ensuite l’église moderne construite avec les pierres de l’abbaye et admire les vitraux de Louis René Petit. Sa technique de fabrication : de la cire sur les parties que l’acide chlorhydrique vient enlever laisse apparaître de très beaux motifs. Les différentes représentations sont : Notre Dame de Citeaux, la pêche miraculeuse, Saint Bernard de Clairvaux, les noces de Canat, l’apocalypse qui réunit le ciel et la terre.
Plus de détail sur :
https://www.youtube.com/watch?v=bqP4gMNBE-8
Un peu de soleil, un peu de bleu nous accompagnent jusqu’à Saint-Cirgues en montagne. Le café la Renaissance avec sa chaleur nous donne une seconde vie.
Une belle route nous conduit ensuite au lac de Lapalisse puis Usclades au pied de l’église et de sa fontaine. On prend le croisement du paradis mais une pluie fine vient contredire ce lieu-dit engageant. Les vaches, elles, sont impassibles sur le plateau où tournent les éoliennes.
On arrive ainsi à Sainte Eulalie, accueillie par sa maison aux toits de chaume en genets. C’est un centre de vacances qui va nous héberger cette nuit. La météo n’étant pas très optimiste, on opte pour le repos au gite pendant que quelques courageux vont s’abreuver aux sources de la Loire du côté du Gerber des Joncs. La soirée avec Jean-Pierre Étienne nous fera explorer les différentes parties du vélo avec l’éclairage expert de Daniel et l’expérience de la compétition de Nicole. Après un bon repas, avec Sergio, on laisse les accros au smartphone autour de Jacques et son *zinzin* déblatérer sur leur techno favorite et on part à la recherche d’un bar ouvert dans le village mais Ste Eulalie by night n’est pas Ibiza !
Samedi 17 septembre, Côte d’Azur ou enfer, tel est le dilemme auquel Daniel est confronté. Il ne tardera pas à opter pour la route du Pont de La Beaume où il retrouvera le soleil pendant que nous, pauvres pécheurs, sommes condamnés au purgatoire avant de connaître l’enfer du froid du plateau balayé par un vent du nord glacial. On arrive au Béage en passant dans des paysage de l’Aubrac, ses vaches, ses prairies à l’infini.
Les éoliennes clignotent comme des lucioles sous les nuages avant de descendre à la Chartreuse de Bonnefoy.
Fondée au XIIème siècle par les disciples de Saint Bruno, elle a été construite sur le même plan que ceux de toutes les chartreuses de France, elle comprenait une maison haute et une maison basse. À cause des conditions rudes et d’un incendie qui ravageât les bâtiments, à la fin du XVIIème siècle, la quasi majorité des chartreux quitta définitivement Bonnefoy.
Les ruines actuelles datent du XVIIIème siècle, quand la chartreuse fut restaurée après l’incendie. Le seul vestige important encore intact est la maison du prieur. « C’est un désert affreux avec un froid excessif en hiver » peut-on lire dans les commentaires de l’époque.
Sur la route des Sucs, on rencontre le Mont Mézenc sous les nuages balayés par un vent glacial. Le géant des volcans éteints du Vivarais culmine à 1 756 mètres.
Malheureusement, ce n’est plus le temps des volcans et on doit affronter un vent glacial où Claire semble une feuille fragile et frissonnante, balayée par la tempête.
St Clément, priez pour nous. Le soleil revient dans ce village où il y a l’école du vent ludique, poétique et scientifique.
Dans la cour de l’école, on apprend à s’abriter du vent !
La descente sur la Chapelle sous Chanéac est grisante. On y retrouve les châtaigniers, les genets mais pas de café. C’est à Saint-Martin de Valamas que l’on trouve le café de la place où on se regroupe et apprécie la chaleur. Après Le Cheylard, le vent nous pousse agréablement. C’est la Dolce Via. Pierre derrière ses lunettes a vu la Dolce Vita. Il faut remonter ensuite sur St Barthélémy puis Tournay ou on tourne à droite pour Gluiras.
La montée sur une pente douce dans un environnement bucolique aurait pu être tranquille mais voilà t’y pas que Sergio me branche, me titille. Ni une ni deux, je le suis. Ce sera une course poursuite jusqu’au village. Il accélère, j’accélère. c’est un mano à mano exténuant où, à la fin, je fais la plaque mais je peux dire que Sergio m’a tuer !
Ça vaut une Picon bière au Relais de Sully. Mais on ne dort pas là, les passeurs nous embarquent pour Chapelèche, un gite perdu dans la montagne. Intérieur rustique avec son escalier en bois, ses soupentes, sa rampe de noyer, son plancher. Au Relais, c’est un repas gastronomique qui nous attend. Le maire nous conte l’histoire du pays. C’est une terre de refuge, de résistance. Les protestants, les juifs, le maquis ont pu y séjourner, accueillis par les habitants. Le pays vit principalement de l’agriculture et du tourisme. La commune a 400 habitants et autant en résidants secondaires.
Même si on ne mange pas la poule au pot, au Sully, on ne compte pas. Les passeurs nous ont bien soignés. Le moine Sergio qui fait partie de l’ordre de la ripaille a apprécié la serveuse et le bon repas !
Dimanche 18 septembre, c’est agréable de visiter l’épicerie du village et ses spécialités avant de partir dans la descente dans les châtaigniers. Au bas, on peut discuter un moment car Gérard a éclaté du pneu à défaut de colère. C’est une grande montée qui nous attend ensuite pour rejoindre Mezilhac. Comme le sage Jean-Paul, les chenilles serpentent paisiblement dans cette longue montée en lacets. Les châtaigniers laissent la place aux cèdres avant le village où on retrouve le froid.
L’église de Mezilhac
Marrez-vous, la crème de marron, on en mangerait le tube !
Du col, on traverse le plateau et ses pelouses jusqu’à Lachamp Raphael où le climat est un peu différent de Saint-Raphaël !
Grâce aux négociations serrées de Jean et de Jean-Pierre, notre dame hôte baisse son pont levis. Dès lors, on peut apprécier l’intérieur de son bar restaurant et ses spécialités ardéchoises et la chaleur de son feu de bois. Promis, juré, on ne laissera pas une miette à notre dame patronnesse !
Après quelques tergiversations sur le plateau, c’est une descente dantesque qui nous fait arriver dans la vallée à Freyssenet et à une température plus clémente.
Le col de Juvinas pas trop méchant nous fait basculer dans la vallée de Saint-Pierre de Colombier puis c’est le col de Meyras encore plus doux.
On arrive ainsi au village éponyme.
Par une rue piétonne que Jacques nous fait découvrir, on contemple la belle église. On y apprend qu’au XVIIe siècle, le village possédait trois châteaux, que Saint-Blaise, patron des drapiers, était invoqué pour les maux de gorge. Et pour le froid, à quel saint se vouer ?
Retour rapide au Pont de La Beaume où coule l’Ardèche après ces quatre jours qui ont si vite coulé mais qu’on retiendra longtemps, le froid et les catinades aidant. Au Panorama d’Aubenas, on trinque *les yeux dans les yeux malheureux* ! à la santé de tous et à notre coach qui nous a concocté ce magnifique week-end mêlant la douceur de la châtaigne au piquant de ses bogues.
Merci Jean-Pierre pour cette Dolce Via qui nous a fait revisiter l’histoire en traversant ces hauts plateaux pour revenir à l’Ardèche méridionale et sa douceur de vivre et sa Dolce Vita.
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