Randonnée sacoches en Ligurie en juin 2022 avec le CTG vue par Zoé
Jour J, on remplit les sacoches !
Ce matin, stress pour le rendez-vous à 9h30 à Grenoble. Pascal me donne 10-15 minutes. Le temps pour Zoé de prendre un café aux Arcades.
La route avec Pascal et Jacques. Ils m’appellent Zoé. C’est déjà ça ! La route est longue par les tunnels de Modane et pleins en Italie. De tunnel en tunnel trouant la montagne, de sommets enneigés à la grande plaine du Pô, on arrive à Torino.
Après la traversée, de loin, de la grande ville, encore la grande plaine avant de buter sur les collines verdoyantes aux villages perchés. L’embranchement pour Camerana puis une petite route nous conduit au refuge de Pavoncella au milieu de nulle part. C’est plutôt un ranch avec ses stands de Country Self, Country Music et une étable où un cow-boy solitaire est attablé au milieu des bottes de foin, des selles et des tonneaux.
Les potes comme dit Oriana sont partis déposer la voiture au dernier village et reviennent en vélo. Me voilà seule dans ce ranch avec juste deux chiens pour compagnon. Il se met à pleuvoir. Heureusement à l’abri dans un grand préau, le country bar !
Enfin les groupes, enfin Pascal et Jacques arrivés trempés, enfin le gîte ouvert, Zoé est gelée ! et ose une single dans une chambre à quatre places !
Le repas est pittoresque avec le patron qui découpe la viande en chapeau de cow-boy et tablier de boucher et le vin qui coule dans un tuyau descendant sur les tables !
1er jour, grand beau, on part dans les collines verdoyantes avant de redescendre sur Ceva.
On arrive par les petites rues en plein marché sous les arcades avant d’admirer la belle façade de l’église baroque.
Une montée plus que raide nous fait monter à pied. Zoé aussi mais résiste sur son vélo.
Bien sûr, après une belle descente vers la vallée de Monbassiglio, il faut tout remonter. C’est très long et je suis vite la dernière, suivie par Denis qui monte facilement avec son vélo électrique. Je l’entends parler au téléphone pendant que je souffre dans cette montée interminable et ses lacets enlaçant la montagne. Un premier village, je rejoins le groupe mais il faut continuer sur Battifolo qu’on aperçoit là-haut perché. Battifolo, batifolez, batifolons sous la pluie qui menace.
On s’arrête au Bistro di Paese où je m’écroule sur un banc. L’auberge est un véritable musée avec ses spécialités moult gâteaux secs, du pain, des viennoiseries que Jules s’empresse de commander. Un salon pour le café dans une véranda. On visite, on batifole !
Dans les villages traversés, je remarque beaucoup de drapeaux multicolores de la paix au fronton des maisons. Grande descente sur Bagnasco avant de remonter la vallée vers le colle del Giovetti. Cela n’en finit pas, J’ai le temps de regarder la forêt de hêtres qu’on traverse. J’ai envie de m’arrêter mais suivie par Denis, je résiste. Je monte lentement mais je souffre le martyr pour enfin atteindre l’auberge du sommet, le belvédère. On devrait plus être très loin, m’encourage Denis. En effet, cent mètres après, on rejoint le groupe. Zoé est morte mais la dernière descente avant l’arrivée, l’encourage. Un peu de plat montant et on arrive à Calizzano que Daniel veut nous faire visiter.
Un lion surveille des allumettes géantes au monument aux morts. Je peux en rajouter une au monument !, Des ruelles fleuries, une belle église, quelques commerces mais peu d’animation avant de rejoindre l’hôtel Villa Elia. Allongée sur mon lit dans ma single, la lionne est morte, ce soir…
2eme jour, couvert en allant faire les courses. Cela permet de faire une pause car dès la sortie de Calizzano, le groupe s’étire sur la montée. Je me retrouve vite avec mon garde du corps Denis. Dans la belle forêt de hêtres dans laquelle on s’enfonce, il a le temps de téléphoner pendant que je souffre tout en gérant bien ma montée à petit train.
Enfin le refuge du col de Melogno où on retrouve le groupe avant de basculer dans la descente.
Un tunnel sous les fortifications et hop, c’est parti pour la grande descente
Arrêt sous une éolienne puis un virage à gauche nous fait remonter au col de Baltera. Au bas du col, on traverse un village Chiesa avant de trouver un lac entouré de pêcheurs. Il se met à pleuvoir de plus en plus fort. Que fait-on ? On se réfugie en face au bar del Lago où on prend un minestrone mais c’est un peu la soupe à la grimace après ce bon repas au chaud quand il faut se décider à repartir.
Il pleut un peu moins. On repart donc. Encore un col à franchir mais moins long que le précédent.
Au bas, on arrive au village de Cadibona et rejoint la grande route de Savona tout en descente. Mais c’est trop facile, Daniel nous fait prendre le chemin des écoliers. Chemin étroit, des hauts, des bas, des parties écroulées même, pleines de boue rouge. Il fallait bien une catinade avant de plonger sur les palmiers et la via Aurélia de Savona. Ça y est, la mer, la plage, les transats. On visite son port de plaisance, une tour génoise, un énorme paquebot de croisière Costa Diadema. On suit la côte et pour éviter la grande route, on prend des passerelles, des tunnels avant de découvrir les belles maisons colorées de Celle Ligure. À l’hôtel Riviera, qu’elle est bonne la douche chaude ! J’imaginais la Ligurie sous le soleil. Un rêve…
3eme jour, vent frisquet, nuageux, cela n’annonce rien de bon. Le bord de mer pour commencer.
La partie facile longeant la mer grise avec des reflets verts. Piste cyclable entrecoupée de ponts, plans inclinés, tunnels où Hervé et tout le groupe se mettent à chanter à tue-tête. On s’en sort bien pour éviter la grande route.
La BA de Zoé. Elle part à la recherche, en revenant sur ses pas et relève le gant perdu d’Évelyne et le lui ramène, victorieuse. Sourire et accolade valent mieux que toutes les bières du monde qu’Évelyne veut gentiment m’offrir.
Peu après, le panneau Genova et au village de Voltri, on prend à gauche et là, c’est une longue et dure montée de 25 km, nous prévient Daniel.
En effet, pas régulière avec des raidards entrecoupés de parties plates voire de descentes. On remonte le long des fougères mais ça n’atténue pas notre souffrance ! Au village de Giutte, on fait une pause rapide pique-nique avec un petit groupe mais on ne s’attarde pas. Il faut encore atteindre la grande route un peu moins pentue et plus régulière. Le long tunnel de Turchini nous fait rejoindre la route du colle del Faiallo. Encore 8 km, je suis à bout. On les fait avec Denis, mon compagnon de cordée en s’enfonçant dans le brouillard. Par moment, on ne voit plus la route qui semble se perdre dans les nuages. Je n’en peux plus. Vais-je arriver au bout de ce chemin de croix interminable tenaillée par la faim, mon corps envahi par le froid et l’humidité du brouillard ?
Enfin le col indiqué par un simple panneau en bois que j’attendais tant. Frustrée mais contente de basculer dans la descente mais pas dans la facilité avec le froid encore plus glacial, le brouillard qui nous cache les virages et la route cabossée.
Un ristorante. Deux vélos devant. On rentre, c’est Jacques et Christian frigorifiés tentant de se réchauffer près du poêle bienvenu. Plus que quelques kilomètres, on repart dans le froid. Enfin le village de Martina d’Alba, enfin l’auberge Minetto comme un refuge tant attendu après une telle secousse. Trempée, transie, essorée et j’oserai dire savonnée ! mais quel plaisir de voir la dame sympa nous accueillir et de monter dans les chambres chaudes. Des frissons même après une douche chaude, je claquerai des dents dix minutes sous les draps ! En me reposant, je reviens peu à peu à la vie agréable, douce, chaude comme une chaleur maternelle. Avant et après le repas, autour d’un succulent Spritz, merci Evelyne ou des bons plats de pâtes, on n’en finit pas de commenter cette journée dantesque mais qui nous a forgé des souvenirs dont tout le groupe se souviendra longtemps.
4eme jour, grand beau … pour la Ligurie. Il ne pleut pas !
Ça permet de visiter le village, l’église conseillée par Bernard. Il faut la mériter, encore une montée raide (décidément, je ne peux m’en passer !) pour admirer la belle façade de l’église San Giacomo. Des fleurs sur la place. Une fontaine fleurie et des pots de fleurs sur des chaises accrochées aux arbres !
Un temps aussi pour m’arrêter boire un café à la Locanda dei Garofani. Un intérieur cosy à la chaleur du poêle, décoré de photos, vieilles publicités, des fleurs à côté d’une vieille machine à coudre Singer.
L’après-midi, juste un petit groupe tente un circuit à vélo. La majorité opte pour des balades à pied. Je me joins au groupe pour monter au belvédère. Belle vue panoramique sur le village.
Assis sur un énorme banc de bois devant un grand cœur, Daniel et Joelle peuvent embrasser toute la vallée.
En redescendant, les plus courageux tentent l’ascension du cimetière par un sentier. En haut, c’est une grande épée qu’ils trouvent plantée dans le sol. Pourquoi est-elle là ? Raison historique, religieuse, culturelle ? Mystère.
Miracle. Le soleil se pointe et nous fait nous prélasser sur les bancs de la place de l’église.
5eme jour, la brume envahit la vallée. Pas très engageant et peut-être tout le monde va suivre Zoé pour le parcours direct !
Départ repoussé à 10 heures. Le temps pour Évelyne de faire ses exercices de yoga. L’arbre, me dit-elle en se tenant droite, une jambe repliée et les bras et les mains en haut jointes.
Après une montée tranquille, quelques petits villages, San Pietro d’Olba, Monta, Ciazzadonne, La Carta où on se presse à la messe dominicale, une courte descente nous fait arriver à un croisement avec le choix Sasello direct ou par une boucle plus longue. Denis me le propose, j’opte pour le premier. Il m’abandonne mais c’est vraiment très court, me dit-il rassurant et prévenant.
En effet que de la descente dans une forêt avant de trouver des prés et un troupeau de chèvres et un bouc à Pratoballarino.
Quelques kilomètres et j’entre dans la belle ville médiévale de Sasello dans le parc de Beiga, le pays de Beata Chiara Badano. J’y trouve des cafés, des terrasses accueillantes, des ruelles pavées qui mènent aux belles églises. Je m’arrête au bar Cina, une gelateria, un peu salon de thé où le patron veut me louer une chambre. Zoé est bien accueillie ! Un tour dans la vieille ville.
J’y admire ses églises, ses façades en trompe-l’œil, ses petites boutiques, pasteria, pasta fresca, bonbons, un artisan de chaussures, ses comestiblilis !
Je laisse le centre pour trouver mon hôtel Del Sole. Juste à la sortie, je trouve mon superbe del sole avec vue panoramique sur le village mais pas le grand soleil ! Encore un tour avec Denis (décidément, on ne peut plus se quitter !) pour déambuler dans les mêmes ruelles, contempler la belle église Basilica de l’Immaculée Conception, les cadrans solaires sans soleil et le pont médiéval qui nous ramène à l’hôtel.
Un troisième tour me conduit au cimetière. Plein de petites maisons, caveau de famille. Parmi celles-ci, celle de la famille Badano qui comprend Beata Chiara Badano, décédée à 19 ans. Reste à jamais son sourire d’ange.
Le soir, repas pantagruélique avec la totale : mise en bouche, entrée, antipasti, premier plat, deuxième plat jusqu’au dessert. Une pastieri accompagnée d’une mousse à la fraise dans un nid de chocolat succulent, nous achève. Un peu la grande bouffe à l’italienne ! Heureusement il n(y a pas eu de mort !
6eme jour, le brouillard se lève au petit déjeuner et laisse place à un grand ciel bleu quand on part du del Sole, cette fois bien nommé.
Une catinade, quelques montées raides permettent vite de nous échauffer. On traverse de belles gorges avant de passer un pont sur une rivière poissonneuse et monter au village de Pareto sans nous arrêter à l’Albergo del Populo. La descente sur Monferrato nous permet de nous ravitailler à l’alimentari pane e late du village.
On peut couper ?, je demande à Denis et Daniel. Oui, c’est possible d’éviter la longue montée qui suit. Ni une ni deux, j’accepte la proposition. On laisse le groupe partir et me voilà seule avec Denis. Un peu de plat dans une vallée verdoyante où on fabrique du fromage de chèvre et on s’arrête à Merana dans un bar où on peut pique-niquer et boire notre birra Moretti. À la notre, Denis !
C’est la grande route fréquentée mais cela n’empêche pas d’y découvrir un beau champ fleuri. Quelques tunnels mais pas trop de montées, mon ange gardien me conduit sans trop de peine à l’entrée de Cairo Montenotte. Peu après un château écroulé et un pont sur une grande rivière, on arrive, longeant une voix passante, à l’hôtel City où on rentre nos vélos dans les chambres ! Après un somme comme une grande notte, je pars à la recherche du drapeau d’Orianna (une amie). A la sortie de l’hôtel dans une zone commerciale, je trouve dans un magasin de coupes, maillots, articles de club, miracle, ma bannière italienne, mon drapeau italien !
Grand beau pour le dernier jour.
Dans le centre de Cairo mais pas du Caire !, on trouve par une porte, une belle rue commerçante ornée de calicots arc-en-ciel. On s’arrête à l’hôtel La Tore où on devait coucher, il y a deux ans. À la sortie, une longue montée bien raide nous attend mais avec les concertos de Vivaldi que nous passe Denis, ça encourage.
Comme il fait chaud, Zoé fait son strip-tease et se met en débardeur rose comme Évelyne. Au village de Cengio où on fait nos courses, elle se fait remarquer par Hervé. Elle me plaît, lance-t-il à Jean qui rigole.
Une deuxième montée nous fait arriver à une chapelle puis on arrive à un cœur où Zoé se fait prendre… en photo par Jacques. Enfin la dernière partie, encouragée cette fois par Depeche Mode. Dépêche Zoé !
On arrive ainsi au village de Montezemollo, bien nommé car j’ai pris mon temps. Pique-nique sur les bancs de l’alimentari puis café au bar voisin de Tre Venti. Plus qu’à traverser le village, admirer la belle église avant d’arriver au croisement où on a décidé de couper Christian, Denis et moi. Ciao ciao les amigos et bonne route. Nous, plus qu’à se laisser descendre et retrouver la petite route du refuge de Pavoncella. La boucle est bouclée. Plus qu’à arrimer nos montures à la diligence à Denis et c’est parti. Le voyage m’a semblé court comme un rêve par le tunnel du Fréjus. On arrive à Grenoble chez Denis après avoir fait notre étape à vélo et quitté l’Italie l’instant d’avant. Incroyable !
Merci Denis, merci de m’avoir attendu, merci pour ta patience d’ange dans le froid et la pluie. Merci à Daniel pour les beaux parcours certes accidentés mais pleins de charme.
En Ligurie, il y a eu la pluie, il y a eu le froid mais dans notre groupe, il y avait de la joie, il y avait des rires, il y avait de la bonne humeur et de la solidarité qui nous resserraient dans les moments difficiles. Batifolons en rêve en longeant la cote ligure, chantons le soleil qui perce au bout des tunnels avant d’apercevoir le bleu infini de la mer sur les hauteurs du col de Faiallo …
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