Autour du Grand Paradis – weekend du 14 juillet 2014
Samedi 12 juillet
Environ 35 CTG ont finalement répondus présents pour ce périple de 4 jours autour du Grand Paradis.
Le Paradis c’est déjà pas mal parait-il alors imaginez le Grand…
Après un voyage arrosé (par la pluie, n’en déplaise à certains esprits mal intentionnés) nous débarquons finalement à Aoste au lieu-dit les Iles par une température de plus de 25°. C’est déjà l’occasion (il y en aura d’autres !) pour le chauffeur du car, de nous montrer sa dextérité dans un demi-tour magistral sur le parking trop étroit.
Nous nous engageons sur une avenante voie verte longeant la Doire Baltée en direction de la première bosse de la journée. Le ton est donné par les forts pourcentages que nous rencontrons bientôt et qui déjouent les pronostics d’un séjour (Roues) cool. Pris par leur élan et faute d’avoir étudié le parcours un bon nombre grimpe vers Druges (+600 m) au lieu de descendre vers Fenis par un raidillon à 18% nous permettant d’en admirer le château médiéval (XIVème siècle).
Nous traversons la vallée pour déjeuner à Nus (sans jeu de mot s’il vous plait !) dans le château de Pilate, beaucoup moins imposant.
Nous devons en effet prendre des forces pour gravir les 750 m qui nous séparent de Hers sous une chaleur lourde. D’abord facile, la pente se redresse et certains doivent faire une halte au dessus de Petit Fénis (cote 1000) pour faire refroidir la machine humaine. Pour finir, une série de lacets frôlant les 14% sur une route devenue incertaine calme nos dernières ardeurs. Une première descente nous conduit alors à Verrayes où la pluie nous rattrape. Une halte devant et dans la belle église baroque nous permet d’allier cyclo et tourisme.
Sans trop tarder nous dévalons la belle route de Chambave (beaucoup pour certains) que nous traverserons ensuite au sec par une pittoresque rue pavée. C’est d’ailleurs la signature de tous les villages valdotains. Pour éviter un ultime raidillon (dont nous apprendrons plus tard la pente à 16%), nous empruntons une nationale plutôt fréquentée jusqu’à l’entrée d’un tunnel que nous évitons en longeant la Via Francigena appartenant à un réseau qui reprend les anciennes « voies venant de France » et aujourd’hui bien balisées. Nous parvenons ainsi à Châtillon ou quelques égarements dus à l’approximation cartographique nous rajoutent encore du dénivelé. Finalement, nous retrouvons la Nationale (Strada Statale 26) que nous quittons à l’entrée de St Vincent, agréable station thermale où nous dégusterons notre première glace. Nous parvenons enfin à notre hôtel, qui par la route goudronnée, qui par une « route à Cattin » qu’il n’empruntera d’ailleurs pas. Un mariage et sa gracieuse mariée nous attendent tandis que nous prenons possession de nos chambres à l’Hôtel Castello de Montjovet.
Un copieux et bruyant repas impose une promenade digestive sur la fameuse « route à Cattin ».
Dimanche 13 Juillet
Quelques nuages encombrent le ciel tandis que, sans aucun échauffement, nous attaquons la montée vers Emarèse au bout de 10 m. Le revêtement est nickel mais la pente à 10% est un peu raide au réveil ! Il nous faut en effet guère plus de 6km pour prendre les 500 premiers mètres. Une pente plus douce nous conduit ensuite au hameau du Ravet, superbe balcon au dessus de la vallée et d’où quelques chasseurs de cols iront jusqu’au col Tzecore à 4 km. Après le regroupement nous descendons de 140 m pour rejoindre la route venant de St Vincent et conduisant au col de Joux, point culminant du jour à 1640 m d’altitude.
Longue pause en raison de multiples crevaisons dans la montée puis nous filons vers Brusson, station de ski nordique très animée. Nous profitons de l’herbe grasse d’un petit square autour d’une fontaine, pour un bon pique-nique.
S’en suit une longue descente dans la vallée de l’Evançon jusqu’à Chataignère où je me poste à l’intersection de la route du col d’Arlaz que beaucoup hésitent à prendre tant la rupture de pente est impressionnante. Et de fait, nous parvenons au col par des pourcentages oscillant entre 8 et 12%. Nous y sommes accueillis par la maréchaussée qui nous explique que la suite de notre parcours est compromise pour cause de travaux et de routes impraticables. La pluie menace et nous renonçons pour nous rendre directement Verrès par une rapide descente d’où nous admirons une imposante place forte. Nous traversons une nouvelle fois un village sur les pavés pour rejoindre l’itinéraire devant nous conduire à Bard. Il pleut cette fois encore, mais plus abondamment que la veille et après un long conciliabule-café dans une station service, nous repartons par une route qui aurait été sympa par temps sec en direction du château de Bard. Le car nous y attend et la pluie redouble tandis que nous chargeons nos vélos sur la remorque. La visite sera pour une autre fois et nous prenons en car la direction de Cuorgne’ à une quarantaine de kilomètres.
Le soleil et l’Hôtel Astoria, bien connu des CTG, nous y accueillent ainsi qu’une bonne mousse et un repas toujours aussi copieux et arrosé (jusqu’à la grappa offerte au café).
Lundi 14 juillet
C’est la fête nationale en France mais ici, tout est calme car le weekend est terminé. C’est le grand jour, celui du Nivolet, point d’orgue du séjour. La météo semble favorable mais nous sommes loin du sommet, l’équivalent de Vizille – Le Galibier diront certains. Un petit groupe s’élance donc pour plus de 50 km d’ascension tandis que d’autres souhaitent s’approcher de 20km voire même de 35km pour les moins téméraires dont je fais partie.
Donc, 1er arrêt à Locana avec la surprise de voir le vélo de Pascal miraculeusement accroché à la roue jockey de la remorque. Il s’en est fallu d’un cheveu que nous de perdions complètement. Le cadre est à peine éraflé et cela nous sert de leçon pour les fois suivante quant aux vérifications impératives précédant tout départ.
Nous repartons pour la deuxième étape à la sortie du tunnel précédent Ceresole Reale. Mais au second lacet de la côte à 15% au dessus de Noasca, le car ne parvient pas à négocier le « tornante » et la remorque se retrouve en portefeuille sans possibilité d’avancer ni de reculer. Nous devons donc dételer, descendre nos vélos et pousser. Notre attelage étant cette fois dans le sens de la descente, nous démarrons aujourd’hui par 1 km à 15 % jusqu’au tunnel que nous évitons par une route défoncée voire inexistante au profil irrégulier jusqu’à 18% de pente dans un paysage dantesque jonché d’énormes rochers tombés de la falaise. Albert en “profite” pour faire passer son dérailleur dans les rayons de sa roue arrière : chaine cassée, cadre tordu, dérailleur HS. La balade s’arrète ici pour lui ! Heureusement Denis, qui peine à passer sont petit braquet, l’accompagnera jusqu’au car. C’est donc par ce casse pattes épuisant que nous rejoignons ce qui aurait du être notre point de départ, 400 m plus haut, soit à 1450 m d’altitude.
Un faux plat nous conduit à Cérésole où quelques virages nous hissent au niveau du barrage. Le lac jouit d’un cadre enchanteur où des le vert tendre des mélèzes tranche sur le bleu turquoise de l’eau, le tout, couronné de cimes enneigées. La route à peu près plate se prolonge encore quelque kilomètres après le bout du lac pour l’élever subitement par quelques lacets vers les alpages. Le vent se lève, rendant pénible la progression jusqu’au prochain lacet. Nous entrevoyons alors très haut la chapelle de la Madonne des Neiges. Nous ne sommes qu’à 1800 m, la chapelle se trouve à 2200 m et le col à 2600 m. Le calcul est vite fait !
La pente oscille maintenant entre 9 et 11% et une petite pluie vient s’ajouter au vent. Nous commençons à avoir froid, même en montant. Le rythme s’est considérablement ralenti et nos jambes ne tournent plus vraiment. Enfin, quand je dis ‘nous’ c’est plutôt ‘je’ car mes compagnons de route se sont arrêtés et les autres sont loin devant ! C’est donc avec plaisir que je retrouve Jules en train de faire des photos puis des vélos appuyés au mur du bar restaurant ‘la Baracca’ (ça ne s’invente pas !). Je pousse donc la porte pour retrouver un petit groupe attablé et ne résiste pas à un bon plat de pâtes. Après plus d’une heure, le temps perturbé nous envoie une ultime averse qui me conforte dans le choix de redescendre. Certainement une erreur car le soleil revient bientôt et je me prive de la plus belle portion du parcours. Nous rentrons donc, vaincus mais heureux malgré tout de cette expérience et se disant que nous aurons notre revanche. Et puis l’ivresse de la descente à 80 km/h dans le tunnel restera un bon souvenir. Nous rejoignons ainsi Locana où le car et une glace nous attendent.
Mardi 15 juillet
Déjà le dernier jour ! Une visite nocturne de Cuorgne’ ayant permis de digérer un repas pantagruélique, nous avons bien dormi. La campagne piémontaise baigne ce matin dans une brume dorée annonciatrice d’une chaude journée. Nous partons par la banlieue résidentielle où d’étalent de belle mais pompeuses villas. Une sympathique montée nous amène à Prascosano pour une petite halte précédant une descente sinueuse à souhait. Quelques kilomètres de grande route et nous voici à Rocca Canaveze, son château et sa belle église baroque. Halte plus longue pour se ravitailler et nous préparer à la montée vers Corio où nous nous regroupons à nouveau : on se croirait avec les Roue Cool ! Nous avons même notre serre file, Denis, grâce à qui nous ne perdrons aucune brebis. Qu’il en soit remercié.
Une longue et raide ligne droite nous extrait de Corio vers une magnifique route en balcon de laquelle nous apercevons le Monastère de Lanzo (du moins, le pensions-nous). Sans le soupçonner, nous passons au dessus d’une extraordinaire carrière d’amiante à ciel ouvert au paysage sculpté de terrasses et dont le fond en cratère est inondé d’un lac. Le bas de la descente offre le choix de raccourcir ou de monter à Monastero di Lanzo voir plus, jusqu’au col Della Croce en passant par Chiave. La plupart d’entre nous pique-niquent à Mosnastero où ne se trouve d’ailleurs aucun monastère mais une charmante place pavée avec une fontaine d’eau fraiche et un bar accueillant. Je laisse le groupe poursuivre tandis que je redescends sur Lanzo Torinese, terme notre périple, non sans avoir parcouru le vieux village ni cédé à tentation d’une ultime glace, bien conseillé par un ancien coureur pro rencontré par hasard et grâce au bagout italianophone de Cloclo et Sergio qui se découvrent même des liens familiaux avec notre interlocuteur. Les cyclos italiens, une grande famille je vous dis !
Moins d’une heure plus tard tout le monde est à bon port et nous repartons la tête pleine de bons souvenirs vers nos vallées Grenobloises, non sans avoir vérifié et revérifié le bon arrimage des vélos.
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