TOUR DE L’OISANS ET DES ECRINS en Juin 2022 par Pascal PONS
Les randonnées permanentes de la FFCT sont des parcours organisés par des clubs, et proposés à tout un chacun sans aucun délai imposé, et même faisables sur plusieurs années pour les plus longs, il suffit de s’inscrire.
Je reçois donc ma carte des Cyclotouristes Grenoblois, et il me reste, pour valider mon parcours, de pointer aux endroits demandés.
Moi, ces trucs-là, je les sens cyclocamping, et en autonomie totale, sans aucune réservation, ce qui me laisse la possibilité de temporiser en cas de mauvais temps, car, pour ceux qui l’ignorent, sauf à être coincé, je ne roule pas sous la pluie.
Je pars donc avec mon barda habituel, sur mon fidèle Nimbus (mon vélo du Pékin-Londres), 42 kg, et 24 x30 pour les côtes !
Ce parcours étant assez montagneux, j’avais hésité à m’y lancer en juin 2021 à la météo assez instable, mais cette année, les temps paraissant meilleurs, je me mettais donc en place dans un petit camping près de Briançon, le Mardi 07 Juin.
Bruits de cloches de vaches, de ruisseaux, et hélas de la route qui n’est pas très loin.
MERCREDI 8 JUIN
51 km / d+ 997m
8h30 : Ciel voilé, ce matin et on m’annonce des risques d’averses cet aprem (ça commence bien !).
La D4 est une belle route qui surplombe la Durance, d’abord en grimpant un peu, puis en balcon, pour finir en descente sur les Vigneaux.
À Vallouise, je m’installe au camping, et monte tout léger, courses faites, au Près de Mme Carle (1875m).
15 km le long des gorges du Gyr, des fleurs partout, dommage que le plafond soit gris.
Après Ailefroide, camp de base pour le sommet éponyme et le Pelvoux, la pente se stabilise autour de 9%, avec quelques pointes à 12.
Je bois donc ma bière sans regrets au restaurant du Glacier.
Quelques gouttes en redescendant (même pas mouillé), je casse la croute au bord du Gyr, et suis de bonne heure au camping.
Fin d’après-midi peinarde, entrecoupée de quelques averses.
JEUDI 9 JUIN
87 km / d+1566m
Tente bien mouillée, ce matin, il a plu dans la nuit.
Après séchage, il est 8h45 lorsque je grimpe à Puy St Vincent (1400m).
Il fait beau, mais frais et je me couvre pour descendre sur l’Argentière.
Là, boulangerie, café, tampon, et gendarmerie pour ma procuration pour la cérémonie de dimanche……..vous savez, les élections législatives.
Et je file sur Champcella, sauf que la route est barrée pour ½ heure, ce qui me permet de tchatcher avec le gars qui fait la circulation.
Je repars à froid dans les 10% des 2km suivants, dur dur, avant de retrouver une belle route en balcon jusqu’à St Clément de Durance et son donjon. J’y pique-nique auprès d’une fontaine, bien au frais car il fait bien chaud.
Je suis ensuite rive gauche jusqu’à Embrun, que je visite un peu, mais pas la cathédrale (enterrement !).
J’emprunte ensuite la D9 et ses nombreuses bosses, dont une à 19%, que je négocie en une série de zigzag que n’aurait pas dénigré Jean Claude Killy !
Vers Prunières, je trouve un tout petit camping, doté d’une belle vue sur le lac de Serre Ponson, c’est d’ailleurs le nom du camping.
On m’y offre même une bière bien méritée, je trouve, après presque 1600m de D+.
Voilà, belle étape mais……que de bosses !
VENDREDI 10 JUIN
PRUNIERES – COL DE MOISSIERES – ORCIERES MERLETTE – PONT DU FOSSE.
63 km / d+1583m
Petit déjeuner, et départ vers 8h30 sous un grand soleil.
Café et courses à Chorges, et petit tour dans le village ; fontaines, église.
Une petite route me mène ensuite au pied du Col de Moissière (1575m).
Ça grimpe régulier, entre 6 et 8%, mais les deux derniers kilomètres sont plutôt vers 11%.
Par contre, une route enchanteresse en sous bois, et une belle arrivée.
Photo, et je me laisse glisser sur Ancelle (ça me plairait, par là, pour la neige, cet hiver).
On est là dans le Champsaur, et je m’installe à Pont des Fossés, au camping
Après le repas, tout léger, je monte faire tamponner ma carte de route à Orcières.
J’y arrive (trop) vite et décide avec moi-même de continuer (ce n’est pas prévu), jusqu’à Orcières Merlette. (+5km et 450m), il n’est que 14h.
3/4 d’heure après, je suis là haut, et c’est le drame :
Il n’y a pas plus de panorama qu’à Orcières.
Tout est fermé, notamment les établissements fournissant des boissons moussues.
Effondré, je redescends au camping.
Douches, lessives, et courses au village par un petit sentier agrémenté d’une expo photo d’artistes, dont Caroline Riegel, une amoureuse de l’Himalaya Indien au Zanskar.
Et au village, tout est ouvert, notamment les établissements………
SAMEDI 11 JUIN
PONT DU FOSSÉ – GIOBERNEY – LA CHAPELLE EN VALGAUDEMAR.
75KM / D+1368m
Encore du beau temps et de belles routes de campagne.
En face c’est le Dévoluy, de l’autre côté de la route Napoléon.
Courses et café à St Bonnet de Champsaur, que je découvre à vélo.
Route calme pour aller à St Jacques en Valgaudemar, qui s’avère être un cul de sac.
Je reviens sur mes pas pour rejoindre la vallée de la Séveraisse et, par Villard Loubière, j’arrive au camping municipal de la Chapelle en Valgaudemar.
Je m’installe et vais boire un pastis pour un apéro en téléconférence qui se fait sur Nîmes (Poulx).
Après le repas, je repars, sans les sacoches, faire l’aller-retour au refuge du Gioberney, quillé en haut d’une route dont les 6 derniers km sont autour de 10%.
Le coin est magnifique, je l’avais arpenté en d’autres temps, en faisant le Tour de l’Oisans, par le GR 54.
Nous étions arrivés par le col de la Vaurze et repartis par le col de Vallonpierre (à l’attention des marcheurs).
Des cascades tous les kilomètres (un bon prétexte pour la pause photo) et les Géants du coin qui se dévoilent : ROUIES, BANS et SIRAC pour ne nommer qu’eux.
Un rafraîchissement au refuge (non, pas une bière, un coca !), et la fulgurante descente sur mon camping. (C’est là, la bière !)
DIMANCHE 12 JUIN
LA CHAPELLE EN VALGAUDEMARD – ND SALETTE – COL PARQUETOUT – ENTRAIGUES.
81KM / D+ 1806m
Quelques nuages ce matin, et qui traineront toute la journée, rien d’inquiétant.
Descente de la vallée de la Séveraisse, avec souvent l’Obiou en point de mire.
À St Firmin, je fais trois courses et me bois un p’tit café au bar du coin, échanges de spots rando avec des marcheurs.
Je repars par le col des Festreaux (1106m), au-dessus de la route Napoléon et du barrage du Sautet.
À Corps, je prends la route qui mène au Sanctuaire de ND de Salette.
Hélas sans trouver où laisser mon chargement, et c’est bien dommage car c’est un aller retour de 14km pour 900m de dénivelé. Bon, ça me fera les mollets !
Très belle vallée avec des vues sur l’Obiou et le Vercors.
Des pourcentages entre 8 et 11%, mais pas mal de portions pour se refaire.
J’arrive là haut vers 12h30, (1769m), visite un peu ce lieu d’apparitions divines dont chaque endroit est marqué d’une statue.
J’y casse la croûte devant le sanctuaire, mais pas de bières (ça rime).
Je retrouve une belle chaleur, après Corps en montant par Ste Luce, le col de Parquetout dans un décor de rêve (pour ceux qui supportent les températures supérieures à 35°.
Au col, surprise de trouver là de la famille à un copain du PPL2012 (Pékin Paris Londres pour les néophytes), qui m’interpellent grâce à mon maillot de l’expédition que je porte aujourd’hui.
On tchatche un peu, plus selfie et je repars par 600m à 10 ou 12% car ici, au col, t’es pas forcément en haut !
Ouf, j’y arrive avec la technique du zigzag (vous savez…..Killy !), photo au panneau et je discute un brin avec des randonneurs.
Je glisse sur Entraigues, admire au passage un pont couvert, comme au Canada, et arrive à la bière, heu, au café de la place vers 16h30.
Puis camping, et, comme j’ai oublié que c’était dimanche et que je n’ai rien à manger, ce soir ce sera restau.
LUNDI 13 JUIN
ENTRAIGUES – LE DÉSERT – COL D’ORNON – BOURG D’OISANS.
61KM / D+ 1056m
9h30, 1260m, je prends mon petit déj au Désert en Valjouffrey (1260m), car à Entraigues tout est fermé.
La montée a été facile, pour une fois ça change, et, en plus, je suis sans mes sacoches.
3 ou 4 hameaux, dont celui des Ségouins qui présente une scierie et une mini centrale électrique à l’ancienne, les deux actionnées par l’eau du torrent.
De retour à Entraigues, je plie ma tente et réarme mon fidèle Nimbus.
Je m’élance ensuite (enfin, cool, quand-même), dans les 14 km du facile Col d’Ornon.
10 km après, je me rends compte que j’ai oublié mes 2 bidons sur la table du camping. Je ne redescends pas et trouve une fontaine où je bois une dizaine de litres pour tenir jusqu’au prochain point d’eau.
La vallée est belle sous l’œil du Grand Armet (2791m), sur ma gauche.
Au col, il y a foule de cyclistes et de motards car il y a une auberge. Ce qui m’arrange, car toujours rien d’ouvert depuis hier matin. (C’est vraiment le désert !)
Puis, descente sur Bourg d’Oisans.
Ce village est devenu la Mecque du vélo, il y a des magasins de cycles partout, pas de problème pour remplacer mes bidons.
Je suis installé au camping à 14h, quartier libre cet aprem !
MARDI 14 JUIN
BOURG D’OISANS – LA BERARDE – A/R
71KM / D+1245m
Je démarre vers 8h30, par la grande route sur 5km, avant d’entrer dans la vallée du Vénéon, ignorant qu’un itinéraire cyclo existe rive gauche. Je le prendrai au retour.
Il fait frais, et ça monte faiblement jusqu’au carrefour de la Danchère.
Après, une belle vallée se déroule sous mes roues, grimpant raide parfois, d’abord jusqu’à St Christophe en Oisans et son fameux cimetière de tombes d’accidentés en montagne, et notamment celle du célèbre Gaspar de la Meige.
Ça grimpe encore bien jusqu’à Champhorent, et la route devient un genre de faux plat jusqu’à La Bérarde.
La Bérarde est le camp de base de beaucoup de randonnées à pied ou courses en montagne.
J’y avais fait mes classes avec le CAF pour être en sécurité sur des sorties sur glaciers faciles (cotées « F », ne jamais se surestimer en montagne).
J’y bois ma bière et fais quelques photos.
En descendant, je vais jeter un coup d’œil à Vénosc, vieux village montagnard, habité par beaucoup d’artisans.
Bonus audacieux, car ce bourg est tout en pentes bien raides et pavées.
Et je prends l’itinéraire vélo pour rentrer, une splendeur !
De bonne heure à Bourg, j’espère que la météo de demain sera plus correcte que les prévisions.
MERCREDI 15 JUIN
BOURG D’OISANS – ALPE D’HUEZ – COL SARENNE – LA GRAVE.
72KM / D+ 2003m
Total : 561km / 11624m
Le pessimisme de Mr Météo me fait démarrer de bonne heure, ce matin.
Il serait stupide pour moi de grimper à l’Alpe d’Huez à la vitesse de mon Nimbus surchargé, au milieu des poids lourds et de la grosse circulation. Je prends donc l’option 2 en surplomb de la Romanche, beaucoup plus tranquille, même s’il me faudra tout de même terminer par les 5 ou 6 derniers kilomètres de la montée classique.
7h45, et je suis sur la piste cyclable le long de la Romanche, puis, direction Villard Reculas, et le Pas de la confession (curieux, comme nom).
Grimpette dans la forêt, entre 7 et 9%, puis superbe route en balcon sur Bourg d’Oisans et la Romanche.
Arrivé au Pas (1542m), vue sur Huez et la montée normale : des vélos, au milieu des autos et des poids lourds, j’ai bien fait de prendre l’itinéraire bis.
Descente sur Huez, où je récupère les 5 derniers km de la montée mythique pour arriver aux 1850m du panneau « arrivée ».
Le tour y passera vers le 5 juillet, mais je ne m’attarde pas, le ciel est bien noir à l’ouest.
Donc, direction le col de Sarenne dont les 2 derniers km à 11% m’en ont semblé bien plus.
Au col, je suis félicité par des « carbones » hollandais, qui ont d’abord vérifié que je n’étais pas « électrique », car j’ai doublé un de leur copain dans le dernier kilomètre.
Je mange là, (il est midi), le décor est parfait, et une table d’orientation offre des vues sur la Meige.
Les gros nuages noirs ont l’air d’aller arroser la Bérarde, je descends donc sereinement, par Clavans et Mizoën, sur le barrage du Chambon.
12 km sans grosse circulation, sous les glaciers, et me voilà en train de planter la tente à la Grave, il est 15h30, et maintenant, il peut pleuvoir !
Un p’tit tour dans le village jusqu’à l’église (j’ai fini à pied : 25% !!), et ses croix originales en bois dans le cimetière.
JEUDI 16 JUIN
LA GRAVE – LAUTARET – BRIANÇON
43KM / D+ 661m
Aujourd’hui, ma belle randonnée se terminera sous un grand soleil.
Le Col du Lautaret n’est pas très raide, dans les 5 à 6%, et le vent est pour moi.
12km, et la traversée de Villard d’Arêne, sous les sommets des Écrins.
Parti vers 10h30, je prends ma bière sommitale aux 2058m du col à midi.
C’est le point culminant de mon périple.
J’avais envisagé de grimper jusqu’au Galibier, comme cerise sur le gâteau, mais celui-ci est fermé pour la semaine, afin de reboucher trois trous qui auraient ralenti les fragiles pros du Tour, attendus ici dans quelques jours.
J’essaie de soudoyer le gardien de la route qui y monte en lui proposant des raisins secs et une gorgée de l’eau de mon bidon, mais c’est un incorruptible !
Je casse donc la croûte près de la chapelle aux victimes des nazis.
Puis, je me régale dans la belle plongée sur Briançon.
Pas trop de circulation, c’est la bonne heure.
Au Monetier, je rencontre ma nièce Julia, on se reverra au restau ce soir.
Je fais ensuite quelques infidélités à la grande route pour passer dans les villages qu’elle évite.
Je retrouve peu à peu des températures estivales en retrouvant les 1200m de Briançon.
Je me pointe à mon hôtel vers 16h, ce sera parfait pour attraper mon train demain matin sans avoir tout mon barda à plier.
Voilà, GAME OVER pour mon Tour de l’Oisans, il y a déjà un diaporama qui se construit dans ma tête.
Pas d’idées pour cet été……….prenez le frais en Oisans !
(Et paf ! une somme substantielle de l’office du tourisme).
Total Final: 604 km / D+ 12285m
PASCAL PONS
2 Commentaires
FRANCIS LARRIBE sur 02/01/2023 à 19:39 #
Certes avec beaucoup de retard je découvre ce récit, mais six mois après les faits décrits il garde toute sa fraîcheur. Merci Bernard d’avoir porté à notre connaissance ce texte plein de spontanéité et de détails crousti-amusants… L’auteur dont j’apprécie l’humilité me paraît cependant un sacré client . Les dénivelés de plus de 1500m dans la journée ne lui font pas peur. Si je comprends bien, il s’est formé à la rando-sacoches en effectuant le Pékin-Paris-Londres en 2012, rêve seulement caressé alors pour moi…
Excellent compte rendu d’une virée qui donne envie.
Michel Guillerault sur 15/10/2022 à 21:13 #
Merci Bernard pour ce récit de Pascal Pons. Les cyclos qui font ce Tour de l’Oisans et des Écrins tiennent aussi bien la plume que leurs vélos (chargés…)
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